Depuis quelques années, je suis de près ou de loin des comptes sur le développement personnel. Et je ressens une pression à trouver le bonheur. J’ai un peu l’impression que si tu te sens pas heureux·se 24h/24 7 jours sur 7, t’as raté ta vie. Alors qu’on s’entende bien, le but c’est pas d’encenser la dépression, c’est une vraie maladie qui détruit des vies. Le but c’est pas de faire l’apologie du mal-être. Le but c’est pas de se complaire dans son malheur.
Non, parfois il faut apprendre à se bouger le cul. Moi, j’étais malheureuse pendant des années parce que je ne me bougeais pas, parce que je ne vivais pas la vie que j’avais envie de vivre (à savoir partir vivre à l’étranger). J’ai dû prendre une décision très difficile (à savoir rompre après 11 ans de relation), qui m’a pris des années. J’ai dû sacrifier beaucoup de choses, et le moins que l’on puisse dire, c’est que si c’était pour le mieux, ça été incroyablement dur.
Et aujourd’hui, je vis la vie que j’avais envie de vivre. Mais je ne suis pas heureuse tous les jours pour autant. Et ce n’est pas parce que j’ai fait le mauvais choix (j’espère pas !), mais simplement parce que CE N’EST PAS POSSIBLE D’ÊTRE HEUREUX·SE EN PERMANENCE. Voilà, majuscule, gras, souligné. En vrai j’ai pas pu le souligner parce qu’il n’y a pas la fonction sur Substack. J’aurais pu le mettre en rouge aussi mais je me suis dit que ça faisait un peu too much.
J’ai longtemps ressenti un certain mal-être, je me disais “mais merde, comment c’est possible que je ne sois pas parfaitement heureuse alors que j’ai tout fait pour faire ce que je voulais depuis tant d’années ?” C’était le deal après tout non ? Je quittais tout pour mon bonheur ! Et pourtant, c’est pas aussi simple que ça. “Si c’était si facile …”, comme dirait Orelsan.
Et on nous fout une pression de dingue, à toujours devoir remettre en question toute sa vie pour être heureux·se. Si on n’est pas heureux, c’est qu’on a fait quelque chose de mal. On doit tout le temps « lâcher prise », mais lâchez-moi avec votre « lâcher prise », bordel. On n’est pas des robots, on n’est pas des machines, on a des sentiments, des émotions, je peux pas lâcher prise sur tout, parce qu’il y a des choses qui m’atteignent, parce que j’en ai quelque chose à faire en fait. Tout simplement. Et c’est tant mieux ! Encore heureux que je suis touchée quand ça ne se passe pas comme je l’aimerais, parce que je RESSENS.
Pourtant, on nous fait croire que le bonheur ultime est atteignable. C’est ça, le vrai piège finalement. Plus j’y pensais, plus je me mettais la pression, plus je culpabilisais de ne pas y arriver, plus je me sentais mal voire minable. Et c’est assez logique, parce que si vous cherchez en permanence à être heureux·se, si vous réfléchissez tout le temps à “comment atteindre le bonheur”, ça vous ramène fatalement au fait que vous n’êtes pas heureux·se à l’instant T. Et c’est un peu le serpent qui se mort la queue, cette histoire.
Ma très chère travelmate Apo, dont vous avez déjà dû entendre parler si vous me suivez sur les Instagram, m’a recommandé un sacré paquet de fois de lire le livre “L’art subtile de s’en foutre”. Une nuit d’insomnie pendant laquelle je remettais encore une fois en question toute mon existence parce que je n’étais pas épanouie 24/7, j’ai fini par le commander. Alors, c’est quand même un peu de la littérature de bas-étage (oui je suis jugeante), mais il faut admettre que le p’tit pote Mark Manson1 a bien raison sur un point : on ne peut pas éviter les problèmes, on ne peut pas ne plus rien ressentir, ce n’est pas ça le sujet. Le sujet c’est plutôt de relativiser ce qui a réellement de l’importance pour nous, et d’accepter le fait qu’on ne peut pas tout contrôler. De voir les choses sous cet angle m’a enlevé une pression incroyable.
On ne peut pas lâcher prise sur tout, tout le temps. On ne peut pas être heureux·se en permanence. C’est tout bonnement impossible. Si on l’était, ça voudrait dire qu’on est détaché·e de tout, et avoir de l’indifférence pour tout ce qui nous entoure, c’est pas ça le bonheur, que je sache. Alors lâchons prise sur le fait de toujours vouloir/devoir être heureux·se, lâchons prise sur le fait de lâcher prise, tiens, relâchons la pression et faisons du mieux qu’on peut.
Et je vous invite même à lire “L’Art subtile de s’en foutre” de Mark Manson en entier, parce qu’il est finalement très intéressant.
J’adore ✨