De l'importance des role models

Se construire en s'inspirant de personnalités féminines fortes

En cette journée internationale de lutte pour les droits des femmes, j’ai envie de vous parler des Role Models. Il y a quelques mois, je regardais la dernière saison de Sex Education et quelque chose m’a frappée : l’importance des role models dans nos vies de femmes. C’est notamment en voyant évoluer le personnage de Jean Milburn dans la série (interprété par l’actrice Gillian Anderson) que j’en ai pris conscience. Cette femme m’inspire énormément, qu’il s’agisse de l’actrice ou du perso dans la série.

Evoluer en tant que femme dans une société créée par et pour les hommes, c’est décourageant, pour ne pas dire épuisant. Et je réalise que si, effectivement, on a de plus en plus de role models à dispo, on n’en a clairement pas suffisamment.

Et en tant que femme, je ne m’identifie pas aux role models masculins. Ce n’est pas suffisant pour me stimuler, pour me motiver, pour m’inspirer. J’ai besoin de m’identifier à ce qui me ressemble. Des femmes.

Et ça vaut pour toutes les facettes de notre vie.

J’abordais déjà ce sujet dans mon livre “No Bra, ce que ma poitrine dit de moi”. Pour moi, il est important que les jeunes femmes puissent autant s’identifier à des femmes avec soutif, sans soutif, avec des poitrines différentes, plus ou moins grosses, en formes de poires, de pommes … Pour pouvoir faire leur choix de faire du No Bra ou pas, en toute connaissance de cause. Moi je n’ai pas eu cette chance. Les role models auxquels je m’identifiais à l’époque, c’était Britney Spears et Christina Aguilera. Et si leurs carrières sont inspirantes, en termes de diktats de beauté et d’hypersexualisation, c’est quand même pas fameux. Alors j’ai grandi avec l’idée que ma poitrine et mon corps devaient ressembler à quelque chose de bien spécifique, un petit objet sexuel en bonne et due forme en sommes.

J’aurais aimé avoir d’autres role models.

Des role models un peu plus naturels, un peu plus indulgents avec la différence, qui me ressemblent plus. Peut-être que je n’aurais pas cultivé une haine de mon physique pendant des années. Mais à cette époque, la priorité n’était pas donnée à la différence, non, on était plutôt branchés hypersexualisation des adolescentes.

Au boulot !

Mais comme je vous le disais, ça vaut pour toutes les facettes de la vie. Dans le monde du travail par exemple, on en manque cruellement … Et malheureusement, ça nous affecte bien plus qu’on n’oserait l’imaginer.

Une étude¹ a révélé en septembre 2019 qu’à l’école, les role models féminins aidaient réellement à réduire le gender gap. La filière scientifique souffre particulièrement des stéréotypes de genre, en effet, les femmes ne représentent que 27% des étudiants en formation d’ingénieurs en France. Pourtant, une expérience menée en 2015 et 2016 auprès de 20 000 élèves de seconde et de terminale S d’une centaine de lycées franciliens, montre qu’après une heure de discussion avec des femmes scientifiques, la proportion d’élèves féminines de terminale S s’orientant vers une classe préparatoire (CPGE) scientifique augmente en moyenne de 30 %.

Impressionnant n’est-ce pas ?

L’effet Marie Curie

Mais attention … Si les role models peuvent être extrêmement intéressants et inspirants, ils peuvent dans certains cas et à l’inverse, être décourageants. En septembre 2020, l’illustratrice Marine Speck du blog “Dans mon tiroir” a dénoncé ce qu’elle appelle “L’effet ou le syndrome Marie Curie” véhiculé notamment par la série “The Queen’s Gambit” ou “Le jeu de la dame”. En gros, c’est l’idée selon laquelle une femme ne peut se faire une place dans ce monde où les hommes règnent en maître que si elle est EXCELLENTE. Elle se doit d’être spéciale et géniale. Alors que les hommes eux, ont bien d’autres options pour réussir professionnellement, ils ont plus de leviers abordables. Nous, en tant que femmes, on n’a pas vraiment droit à l’erreur.

Alors voilà, les role models sont importants, mais ils doivent être indulgents. On doit en avoir suffisamment, dans les séries, les films, les dessins animés, la musique, le monde du travail (et dans tous les milieux), dans nos familles, nos amitiés … Afin de pouvoir se construire en tant que femme de manière plus saine et sereine, en accord avec ses valeurs.

Je vous laisse avec une petite liste des roles models qui m’inspirent particulièrement en ce moment (j’y mêle vie privée / Insta, série …) :

• Ma maman (pour faire original tiens), mes amies et notamment Théa, illustratrice féministe connue sous le pseudonyme La Renarde Bouclée, ou encore Camille, qui vient de lancer son agence de com et de RP “Com’ as you are” et qui a géré la promo de mon livre No Bra au niveau régional ❤️

• Le personnage de Vivian Kent dans la mini-série Inventing Anna, une journaliste qui ne lâche rien malgré un parcours semé d’embûches, elle est sure d’elle, elle ne doute de rien et fonce tête baissée

• Marie Bongars, qui me fascine par sa capacité à produire un contenu de qualité sur son compte Instagram, et qui semble gérer sa vie pro et perso de façon hyper badass (mais qui ne te fait pas te sentir nulle pour autant si toi tu n’y arrives pas)

• Philippine Leroy Beaulieu et son personnage de Sylvie Grateau dans Emily In Paris, dont j’admire de façon inconditionnelle le tempérament de feu et son assurance à toute épreuve

• Chloé Thibaud, journaliste indépendante qui se cache derrière la newsletter “Les P’tites Glo” dont elle est la rédactrice en chef, elle n’a pas peur d’aborder les sujets qui fâchent, et elle le fait en ayant toujours les mots justes

• Isïa-Marie, chanteuse, compositrice et interprète, ses chansons féministes sont à la fois douces et incisives, je suis sous le charme

• L’écrivaine Amandine Dhée, dont la plume est exceptionnelle et qui a notamment écrit le livre “A mains nues” qui aborde le féminisme sous un angle à la fois dénonciateur, indulgent et émancipateur

1. Role Models féminins : un levier efficace pour inciter les filles à poursuivre des études scientifiques ? https://www.ipp.eu/publication/sept-2019-role-models-feminins-un-levier-efficace-pour-inciter-les-filles-a-poursuivre-des-etudes-scientifiques/