#7 Sortir des normes et des diktats, entre la théorie et la pratique ...

On ressent une certaine pression, quand on est féministe, à devoir absolument sortir des schémas et des diktats, et ce le plus vite possible.

L’édito féministe

Sortir des normes, je crois que c’est ça le plus difficile. C’est même pas tant d’en prendre conscience. C’est certain que ça prend parfois du temps, de réaliser à quel point on est conditionné·e·s, à quel point ces conditionnements et les schémas dans lesquels on évolue peuvent être violents et nous désservent. Mais je pense que le plus difficile, et le plus long, c’est de déconstruire, de sortir des cases, des schémas, de reconstruire. Et puis ce n’est pas linéaire, non. Rien n’est jamais acquis. Parce qu’on évolue, parce qu’on traverse des expériences plus ou moins douloureuses, qui remettent en question nos cheminements, qui les heurtent, qui nous font faire 10 pas en arrière parfois.

Et on ressent une certaine pression, quand on est féministe, à devoir absolument sortir des schémas et des diktats, et ce le plus vite possible. Parce qu’une fois que tu as pris conscience de tout ça, tu dois tout changer, presque du jour au lendemain. Mais dans les faits c’est impossible. Parce qu’il y a la théorie et la pratique. Parce que nos conditionnements sont présents depuis si longtemps, ils sont si ancrés, que c’est difficile de tout changer. Pas impossible, mais il faut arrêter de se mettre la pression si on n’est pas parfait·e·s du jour au lendemain. D’ailleurs on ne le sera jamais, parfait·e·s. Je n’ai toujours pas réussi à lâcher prise sur les poils alors que je sais que ce n’est pas dégueu, que je trouve ça “normal” chez les autres, mais moi, je n’y arrive pas. Quand j’étais à San Francisco et qu’on m’a demandé de me rhabiller parce que je faisais du topless, je me suis sentie humiliée, alors même que je sais que je ne faisais rien de mal. Et plusieurs années après, ça a encore un impact sur ma façon de pratiquer le seins nus. Pourtant, je me déconstruis chaque jour sur le sujet. J’ai même écrit un livre dont le propos est d’arrêter d’hypersexualiser la poitrine¹ . C’est dire ! La théorie et la pratique …

Alors bien sûr, si c’est si important de déconstruire tous ces diktats et ces carcans, c’est parce que c’est bénéfique. On peut y trouver des réponses, on peut aussi y trouver une certaine sérénité. Comme Charlotte qui nous expliquera dans la prochaine newsletter, qu’elle a réalisé que sa vie en tant que célibataire avait toujours été cool, c’est simplement qu’elle avait besoin de changer de perspective et d’arrêter de considérer le célibat comme quelque chose de mal. En faisant ce travail de déconstruction, on peut aussi se sentir mieux, moins seul·e·s, se sentir pris en compte, reconnus, enfin !

Alors il est nécessaire, mais n’oublions pas qu’il n’est pas linéaire.

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Extrait de l’entretien sur le Célibat et la trentaine avec Charlotte du compte lacelibataire_lavraie

« Le célibat c’est comme la vie : parfois c’est très cool, parfois c’est très chiant. » Charlotte est la créatrice du compte Instagram lacelibataire_lavraie. A travers son contenu, elle décomplexe et déconstruis les idées reçues et les injonctions qui pèsent sur le célibat des trentenaires (notamment, mais pas que). Parce qu’être célibataire à 30 ans, c’est difficile dans notre société, si tu n’es pas marié·e avec deux enfants, un chien, un CDI et une maison en pavillon … T’as presque raté ta vie.

lacelibataire_lavraie

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Les femmes célibataires et les hommes célibataires sont traités différemment. Parce qu’à l’injonction au couple s’ajoute l’injonction à la maternité qui pèse très lourd sur les femmes autour de la trentaine. Les hommes vont avoir des remarques bien sûr, mais il n’y aura pas le côté « horloge biologique ». Je généralise mais par exemple dans ma famille, aux femmes on va toujours demander « quand est-ce que tu ramènes quelqu’un ? », (sous-entendu : dépêche-toi), alors qu’aux mecs, on leur dira plutôt « il profite, il a raison, il a le temps ». On a beaucoup d’attentes après les femmes. Parce qu’on a toujours cette idée, dans l’imaginaire collectif, que pour qu’une femme soit complète, il faut qu’elle ait quelqu’un. Alors bien sûr je ne dis pas qu’aucun homme ne subit la moindre pression, mais chez un mec, oui c’est mieux s’il a quelqu’un mais s’il est célibataire c’est moins grave. Pour une femme, se démerder seule ça semble compliqué. J’ai eu droit au cliché du vendeur chez Leroy-Merlin quand j’ai acheté mon appart « et du coup votre conjoint … », « non je n’ai pas de conjoint … », et lui étonné et presque inquiet « mais vous allez faire les travaux toute seule ? ». Oui, ça devrait aller, le pénis n'est pas obligatoire pour poser du parquet. Un mec est censé être autonome et pas une femme. Alors qu’en réalité c’est plutôt l’inverse, quand on sait toute la charge mentale que subissent les femmes dans le couple.

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Seins et censure : Topless aux Etats-Unis, on m’a demandé de me rhabiller …

Au moment où la personne de la réception “m’a demandé de me rhabiller”, j’avais pris les devants et déjà remis mon haut de maillot. Je pense que le sentiment aurait été bien différent si j’avais été seins nus à ce moment précis. Je me suis tout de même sentie humiliée. Et aujourd’hui, 3 ans plus tard, cette expérience a changé mon rapport au topless.

Aujourd’hui, je ne le pratique plus comme avant. En fonction du pays dans lequel je suis (j’évite en Italie, au nord du Portugal …), mais aussi en fonction des gens avec qui je suis. Je demande “la permission” à mes copines (quand je sais que ça pourrait les déranger) si leur mec est là. Je ne le fais pas si je suis avec un groupe d’hommes et que je suis la seule fille. Et pourtant, je suis la meuf qui a écrit tout un livre sur le comment du pourquoi il faut arrêter d’hypersexualiser la poitrine. Avant je l’aurais pratiqué n’importe où et en toutes circonstances … Aujourd’hui c’est différent et je n’arrive plus à changer ce regard que je porte sur ma poitrine seins nus. Pour le No Bra, il n’y a pas de problème, je ne me pose jamais la question (de toute façon je n’ai plus aucun soutien-gorge). Mais pour le topless, c’est complètement différent. Alors que c’est probablement le topless qui m’a le plus libérée de cette hypersexualisation de la poitrine quand j’ai commencé en 2016 dans le sud du Portugal, à Lagos.

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Dernièrement, j’ai aimé …

Les recos du mois

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• Le livre “Le coeur sur la table, pour une Révolution Romantique” de Victoire Tuaillon

Un livre recommandé par Charlotte du compte lacelibataire_lavraie … J’ai passé commande après notre entretien et je l’ai dévoré ! Il déconstruit toutes les injonctions autour du couple et permet de changer notre regard sur le célibat, sur les relations de manière générale. Cette enquête décomplexe toutes les relations qui ne correspondent pas au cadre “classique”, au couple dit “traditionnel” et explore toutes les façons dont on peut s’aimer aujourd’hui.

• Le film “How to be single” (dispo sur Netflix)

Un film qui parle de célibat et de couple à la trentaine, d’apprendre à savoir être seul·e mais surtout, qui dénonce la forte tendance qu’on a à s’oublier lorsqu’on vit à deux et à quel point on peut se perdre dans nos relations. Ce film suit des ami·e·s New Yorkais qui tentent de casser les codes, qui sont en quête d’identité, qui cherchent à se découvrir en dehors du couple.

• Le podcast “Emotions” par Louie Media

Dans ce podcast, on découvre et on cherche à comprendre pourquoi on ressent ce qu’on ressent, d’où viennent nos émotions. Il s’agit d’un podcast de développement personnel, mais à la sauce féministe !

A bientôt pour une prochaine newsletter !

1. No Bra, ce que ma poitrine dit de moi de Gala Avanzi paru aux Editions Flammarion