Vous avez une nouvelle notification
Ou quand je me suis fait voler mon téléphone par un c*nnard au bar.
Je me suis fait voler mon téléphone il y a quelques semaines. Quand je m’en suis rendue compte, j’ai complètement paniqué et prononcé cette phrase “C’est pas possible ! J’ai toute ma vie dans mon téléphone”. Et quand ces mots ont glissé hors de ma bouche, ça m’a heurtée.
J’étais dépitée au début … Et puis le dépit a fait place à un mood très bizarre pendant quelques temps.
Bonne nouvelle ! Vous pouvez désormais lire Révoltée sur la nouvelle App Substack pour iPhone.
J’étais toujours joignable, par Messenger et en DM sur Instagram. Mais le fait est que ce sont des canaux que je n’ai absolument pas l’habitude d’utiliser d’ordinaire et personne n’a l’habitude de me contacter dessus. Moi, ce que j’utilise le plus, c’est WhatsApp. J’ai une tonne de groupes WhatsApp divers et variés, pour le boulot, avec mes potes, ma famille, pour des events, des activités, pour tout et n’importe quoi. Si toutes les notifications étaient activées, il sonnerait presque en permanence.
Et fut un temps, mon téléphone sonnait en permanence. Et à un moment, ça m’a vraiment oppressée.
Alors depuis deux ans, mon tel est en mode “Ne pas déranger” de 21h30 à 7h30, c’est à dire qu’il ne sonne pas quand je reçois un appel ou un message, je n’ai pas de notification.
J’ai pris l’habitude de mettre en mute chaque groupe dans lequel je suis et d’archiver ceux qui me sont utiles seulement ponctuellement.
En ce qui concerne mes mails, Messenger, Instagram, Signal et Telegram, j’ai désactivé les notifications. Les seules notifs que j’ai, ce sont WhatsApp (sauf les groupes) et les sms (que je n’utilise pas non plus d’ailleurs).
Aux Etats-Unis, un téléphone portable recevait en moyenne 46 notifications par jour en 2019.1
J’ai donc déjà fait beaucoup de tri dans mes notifs pour que mon téléphone ne soit pas trop intrusif. Et je pensais avoir réussi à instaurer quelque chose d’assez efficace en termes de sérénité.
Quand mon téléphone a été volé, j’ai prévenu les personnes qui me sont les plus proches que si besoin, ils·elles pouvaient me joindre à tel endroit et basta. Et comme je le vous disais, personne de mon entourage n’a l’habitude de me contacter sur ces canaux, donc je me suis retrouvée relativement tranquille.
Une fois que le stress de gérer les assurances (qui ne marchent pas, du coup), l’achat du nouveau tel (qui est pour ma pomme, du coup), l’envoi de ma nouvelle carte sim, une fois que ce stress est tombé … Il a fait place à un calme incroyable … Celui de ne pas être joignable.
Quel luxe.
Pas de pression pour répondre absolument à telle personne, pas de culpabilité parce que j’ai oublié d’appeler untel … Et surtout … Personne pour vous faire chier !
Je me suis retrouvée bien moins stressée.
Franchement, si ça coûtait pas si cher, je me ferais bien voler mon téléphone plus souvent.
Et puis cette petite phrase “toute ma vie est dans mon téléphone”, j’ai eu un peu le temps d’y réfléchir.
Parce que ça me dérange, cette affaire. Comment toute ma vie peut dépendre d’une si petite chose ? Je me suis rendue compte que sans Google Maps, j’étais complètement paumée dans Palma. Alors oui, j’y vis depuis seulement 2 mois, mais quand même, je me suis sentie un peu bête.
Aujourd’hui vous avez une app pour à peu près tout. Vous voulez vous mettre au développement personnel ? Vous écoutez un podcast. Vous voulez reprendre le sport ? Le Nike Training Club s’occupe de vous. Vous voulez manger plus sainement ? Vous scannez tous les emballages au supermarché avec votre téléphone. Vous vous ennuyez ? Vous scrollez sur Instagram. Sur Facebook. Sur TikTok.
Et c’est bien, d’une certaine façon ça nous a permis de découvrir et d’avoir accès à plein de nouvelles et belles choses. Mais ça nous a rendus vraiment dépendants. Et surtout, accro. En effet, une étude menée par des chercheurs du King’s College de Londres a montré qu’environ 23 % des jeunes de moins de 20 ans développent une forme de dépendance et ont un usage jugé “problématique” de leur smartphone2. Troubles de l’attention, stress post-traumatique, consommation plus prononcée d’alcool… Sont autant de conséquences qui seraient liées à une utilisation excessive du téléphone.
Et saviez-vous que notre cerveau met environ 23 minutes et 15 secondes à se concentrer de nouveau sur une tâche après avoir été sollicité/dérangé ? C’est ce que la chercheuse Gloria Mark de l’Université de Californie à Irvine a mis en lumière dans une étude en 20083. Imaginez un peu le bazar … Quand on reçoit en moyenne 46 notifications par jour !
Alors j’ai envie de mettre en place d’autres choses, et de moins faire dépendre mon quotidien de mon téléphone. Pour que ce ne soit pas un drame intersidéral si je le perds de nouveau mais surtout, pour que son impact soit moins important de manière générale.
Et puis surtout, au delà de tout ça, je pense que le fait d’être en permanence connecté au monde entier n’est pas forcément quelque chose de sain sur le long terme. A mon sens, on n’a pas besoin de tout savoir, tout le temps, tout de suite, comme nous le permettent les réseaux sociaux et les chaînes d’info en continu. L’hyperconnectivité, l’hypersollicitation sont des problèmes réels. C’est quelque chose d’oppressant avec lequel j’essaie de rompre depuis des années. Je n’ai plus de télé depuis plus de 5 ans. Et sur les réseaux, je sélectionne avec grande attention les comptes que je suis. Mais force est de constater que ce n’est pas toujours suffisant. Parce que le flux d’information et de sollicitation est tellement constant, permanent, que même en tentant de prendre de la distance, c’est difficile d’y échapper.
Alors voilà, déconnecter de tout ça, parfois, ça fait juste du bien.
Bref, j’ai peut-être aussi besoin de vacances et de couper un peu mon téléphone …
Prenez soin de vous ❤️
https://start.lesechos.fr/innovations-startups/tech-futur/comment-les-notifications-nous-retournent-le-cerveau-1195857
https://www.independent.co.uk/life-style/smart-phone-addiction-children-gen-z-social-media-mental-health-a9225556.html
https://www.ics.uci.edu/~gmark/chi08-mark.pdf