Ça fait 2 ans et demi qu’on se mange le Covid dans la gueule, et alors qu’on pensait que ça se stabilisait un peu, qu’on arrivait enfin à s’en “accommoder” (avec des gros guillemets hein), bim, Poutine nous colle une petite guerre dans les dents.
J’assiste, complètement passive, à un déferlement de posts Instagram, Facebook, des drapeaux, des hashtags, des collectes de fonds …
Je me demande ce qui tourne pas rond.
Je repense à mon grand-père, quand il m’a raconté être allé prier à l’église avec tout son village, quand la guerre a été déclarée entre la France et l’Allemagne alors qu’il n’avait que 8 ans. Ils étaient terrifiés.
Et moi j’assiste à ça, à ce monde qui s’effondre toujours un peu plus, confortablement installée sur mon canapé, dans mon appartement flambant neuf. Avec une distance effrayante.
Y a un truc qui colle pas. Je sais pas bien quoi.
Et je vais vous avouer un truc. En réalité, ce qui m’a fait flipper, c’est que cette déclaration de guerre à l’Ukraine, en fait, elle ne m’a même pas étonnée.
Non pas que j’ai pas de coeur. Enfin j’espère !
Non parce qu’en vrai,
J’en pouvais déjà plus du contexte politique de notre pays.
J’en pouvais déjà plus des violences policières.
J’en pouvais déjà plus de la tension et de vivre dans la peur après les attentats.
J’en pouvais déjà plus des violences faites aux animaux.
J’en pouvais déjà plus des violences contre les femmes et de genre.
J’en pouvais déjà plus des violences de classe.
J’en pouvais déjà plus de Zemmour, de l’extrême droite, de toutes ces idées de m*rde.
J’en pouvais déjà plus de voir que tout le monde s’en branle du dérèglement climatique.
J’en pouvais déjà plus de voir que même au sein des milieux militants, on reproduit les mêmes patterns violents qu’on dénonce.
En fait j’en peux plus de cette spirale infernale dans laquelle on est coincés, piégés, depuis des années, si ce n’est des siècles.
Hier soir, on discutait avec ma coloc. Elle m’a demandé à quoi ressemble le monde que j’imagine, celui dans lequel j’ai envie de vivre.
J’ai pas su répondre. J’en sais plus rien.
Je suis paumée. Je suis si fatiguée.
Face à la violence et après des années de militantisme acharné, j’ai appris à me (sur)protéger, j’ai appris à manier le déni comme personne.
Peut-être un peu trop.
Je crois qu’il y a des moments où je plie. Il y a des moments où j’accepte. Où je capitule. Où je me dis “ok, de toute façon, qu’est-ce que je peux y faire ?”.
De toute façon, ce monde est violent, plus rien ne m’étonne. Ce monde est violent, c’est comme ça.
Elle m’a répondu : “pense à ces femmes qui se sont battues pour nos droits par exemple, si elles ne l’avaient pas fait, on n’en serait pas là aujourd’hui. Tu ne le verras peut-être pas, le changement que tu veux pour le monde, mais continue de te battre, ça servira forcément à quelque chose.”.
Hé ben ça m’a fait du bien, d’entendre ça.
Et vous, est-ce que ça vous fait du bien ?
Alors oui je vais continuer, même si je sais pas toujours où je vais, même si je ne sais pas toujours pourquoi je le fais. En continuant de fermer suffisamment les yeux pour se protéger de toute la violence qui nous entoure, des guerres et de l’absurdité de ce monde.
Je crois qu’on a toutes les raisons du monde de continuer d’être
Révolté·e·s.