Je me suis toujours interdit d’échouer. Depuis toute jeune. Je pleurais pour un 15/20 (oui, j’étais cette personne insupportable). C’était jamais assez. D’ailleurs, je vois ma nièce faire la même chose aujourd’hui, 15 ans plus tard. Et je me dis qu’on a vraiment merdé quelque part. Enfin quand je dis “on”, je veux surtout parler de l’éducation nationale (oui oh laissez-moi un peu les critiquer ceux-ci).
Le droit à l’erreur, l’échec, dans notre culture Française, c’est quelque chose d’extrêmement tabou. C’est un tabou qu’on cultive tous les jours sur les réseaux sociaux. Avant que mon livre No Bra ne sorte, j’étais terrifiée. Et je le suis toujours d’ailleurs. J’ai une trouille dingue que ça ne fonctionne pas. Que personne ne l’achète. Et que les personnes qui daignent le faire le trouvent nul. Alors avant qu’il ne sorte, une de mes copines m’a conseillé d’écouter le podcast “La leçon, le podcast sur l’art d’échouer”. J’ai binge-listené les épisodes, je me suis préparée psychologiquement au fait que oui, peut-être, mon projet n’allait pas fonctionner. Mais que si c’était le cas, ce n’était pas une fin en soi. Que ça arrive à tout le monde, surtout à ceux qui entreprennent beaucoup de choses.
Et c’est quelque chose que je sais, je suis freelance depuis 10 ans. Je le sais que tout ne peut pas toujours fonctionner. Je l’ai appris bordel, je m’en suis mangé des murs. J’en ai pris des claques. Je m’en suis ramassé des gamelles. Et pourtant, j’ai l’impression que c’est un éternel recommencement. J’ai beau le savoir, j’ai du mal à l’imprimer.
Mais comment accepter l’échec quand on baigne dans une culture qui nous inculque de toujours devoir être parfait·e ? Comment savoir qu’on a le droit de se planter quand on voit tout le monde réussir sur les réseaux sociaux ? Cette perfection de façade, c’est ce qui nous met dedans. C’est ce qui nous perd.
Pourtant on a le droit d’échouer. Ce n’est pas grave. Et surtout, ce n’est pas forcément notre faute. Parfois on merde dans les grandes largeurs, mais pas toujours. Parfois on fait tout ce qu’il faut. Et ça ne marche pas pour autant. Parce que ce n’était pas le moment. Parce que ce n’était pas pour nous. Mais au moins on garde pour soi la satisfaction d’avoir essayé. Et on peut passer à autre chose. Et se focaliser sur quelque chose qui fonctionnera, cette fois. Mais pas toujours évident de se le dire quand on a la tête dans le guidon. Quand c’est, comme pour ma part et pour ce livre, un travail d’un an et demi. Parfois plus. Quand on a pris des risques et fait des sacrifices. C’est dur quand ça ne fonctionne pas. Et parfois on est fatigué·e de devoir rebondir en permanence. Cette course infernale peut être épuisante. Mais je crois que dans ces moments là, il faut savoir dire stop, prendre du recul, du temps pour soi, digérer, et quand on est enfin prêt·e, repartir.
Il y a quelques semaines, ma coloc m’a dit quelque chose de très juste :
Every rejection is a redirection
Chaque rejet est une réorientation
(Ça rend mieux en anglais)
Je garde cette phrase bien imprimée dans mon petit cerveau. Et je vous la partage pour que vous puissiez vous aussi en profiter, et vous en rappeler, quand vous avez l’impression que tout est compliqué.
Alors maintenant je m’autorise à échouer. Parce qu’on a le droit à l’erreur, on a le droit à l’échec, c’est ce qui nous permet d’apprendre, de réajuster et enfin, d’avancer.