#4 Sois belle, sens bon et tais toi !
Les injonctions pèsent si lourd sur nos corps, ils sont en permanence remis en question. Jamais assez ou toujours trop mais rarement comme il faut.
C’est le début de l’été, et on commence déjà à nous bassiner avec les habituels sujets minceur, plage et bikini body. Dans la lignée des dernières newsletters sur le body positive, j’ai eu envie de parler un peu d’émancipation du corps des femmes … Parce que quand on veut s’émanciper, on nous rappelle très vite à l’ordre de nos injonctions.
Dans cette newsletter, vous allez donc pouvoir lire deux extraits des prochaines à paraître : la première sur l’émancipation du corps des femmes dans un entretien avec la sociologue Christine Détrez et la seconde sur les complexes que l’on nous créé sur l’odeur de notre vagin. Et enfin, restez jusqu’à la fin, je vous partage de super recos lecture, série et podcast pour passer un été sous le signe de l’acceptation de soi dans la bonne humeur !
Sois belle, sens bon et tais toi !
En voilà une qui a la vie dure d’injonction, une dont on ne parle pas suffisamment et qui pourtant nous suit depuis toujours : l’odeur de notre vagin. Qui n’a jamais entendu de rumeur sur telle meuf au lycée qui “pue de la chatte” ? Qui ne s’est jamais inquiété·e de l’odeur que son vagin pouvait dégager pendant un acte sexuel ?
Les injonctions pèsent si lourd sur nos corps, ils sont en permanence remis en question. Jamais assez ou toujours trop mais rarement comme il faut.
Alors cette lutte pour l’émancipation, elle vaut le coup d’être menée, parce que ce qu’il y a à la clé est si précieux : abandonner le contrôle sur son corps pour prendre celui de sa liberté.
La liberté de se foutre la paix, la liberté d’être comme on le souhaite, la liberté de se modeler si on en a envie, la liberté d’avoir des bourrelets, la liberté d’avoir les seins qui pendent, la liberté d’être soi sans avoir en permanence à se soucier de ce qu’en pensent les autres.
Extrait de l’entretien sur l’émancipation des femmes par le corps avec la sociologue Christine Détrez
Christine Détrez est une écrivaine, sociologue et enseignante-chercheuse française, rattachée à l'École normale supérieure (ENS) de Lyon. Je me suis entretenue avec elle au sujet des injonctions et des pressions que subissent les femmes sur leur corps. Entre normes complètement absurdes, contrôle et émancipation, elle nous donne son avis sur ces questions d'une importance capitale.
1. Les injonctions que les femmes subissent sur leur corps sont nombreuses et contradictoires, pour ne pas dire aliénantes. Quelle pression subissent les femmes ? Et en quoi est-ce dangereux ?
Les injonctions se rejoignent toutes sur l'idée d'un corps très normé : il faut que le corps soit mince, bien sûr, mais également et surtout maintenu … Cela permet d'exercer un contrôle, en effet, il faut avoir un contrôle sur son corps qui passe par exemple par le fait de contrôler son poids, mais aussi d'être musclée comme il faut pour avoir un corps ferme. Les femmes subissent ainsi une injonction physique et esthétique qui se double d'une injonction sur la jeunesse perpétuelle du corps. Tout est lié. Les chairs ne doivent pas s'avachir, les cheveux ne doivent pas blanchir, les visages et les seins ne doivent pas descendre vers le bas, ne doivent pas « dégringoler ». Ça doit être maintenu, ça doit rester ferme, il ne faut pas que ça déborde. Cela me fait penser au livre Corps de femmes, regards d'hommes de Jean-Claude Kaufmann, qui fait une analyse sociologique des seins nus (topless) et qui explique que, contrairement à ce qu'on pourrait croire, tous les seins n'ont pas le droit d'être nus sur la plage, seulement ceux qui se tiennent bien. Les seins des femmes qui se lèvent pour aller de leur serviette de plage à la mer ne doivent pas ballotter, il faut que ce soit maintenu et ferme. Selon moi, quand on parle de corps mince, de corps jeune, de corps musclé, ce qui se cache derrière, c'est l'idée que les femmes doivent avoir le contrôle sur leur corps. Et c'est très dangereux parce que c'est avant tout une énorme charge mentale, mais cela entraîne aussi de la mésestime de soi et potentiellement des pratiques qui peuvent aller à l'encontre de la santé aussi bien psychique et mentale que seulement physique.
🗓 Parution le 12 juillet (version payante)
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Du parfum pour la vulve ?
Il y a quelques mois, j'ai reçu un mail dont l'objet m'a intriguée : "collaboration cosmétique vagin". Je l'ai ouvert, oscillant entre curiosité et perplexité ... Et je n'ai pas été déçue : on me proposait de tester du parfum pour la vulve.
Si ce dernier avait le mérite d'être bio et naturel, je ne peux m'empêcher de me demander comment on en arrive à vouloir se parfumer la chatte ?
Je suis peut-être naïve, mais je ne savais même pas que ce type de produit existait. Je connais bien évidemment les “problématiques” liées aux odeurs vaginales, problématiques qui n’en sont pas réellement d’ailleurs. On les créé de toutes pièces. Et d’une certaine façon, il n’est finalement pas étonnant que certain·e·s s’en soient emparés et essaient de répondre aux soi-disant besoins des personnes concernées. Quoiqu’il en soit, j’ai fait quelques recherches Google qui m’ont laissée sans voix sur les produits, parfums mais aussi déodorants, qui existent pour nous rendre “plus fraîches” et pour masquer les odeurs corporelles qui proviendraient de notre précieux vagin. On n’en a pas fini, d’exploiter le corps des femmes pour vendre des conneries.
Le problème dans tout ça, c’est que premièrement, ça créé des complexes et c’est déjà terrible. Mais le plus dramatique, c’est que ça peut aussi nous amener à mettre en danger notre santé.
🗓 Parution le 19 juillet (version payante)
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Dernièrement, j’ai aimé …
Le livre “Beauté Fatale” de Mona Chollet
Mona Chollet est l’une de celles qui a révolutionné mon engagement féministe. C’est elle qui m’a donné envie d’en parler, c’est elle qui m’a donné la volonté de dénoncer encore et toujours plus fort les injustices. Dans son essai, Mona Chollet nous explique pourquoi il est dangereux de vouloir à tout prix être belle dans notre société, ce que cela implique et ce que cela nous coûte. On comprend les mécanismes du sexisme ordinaire, dans le cinéma, la mode, les séries, les blogs, la publicité, les magazines féminins … Si on ne le savait pas déjà, on prend en tous cas la mesure de ce à quoi la femme est cantonnée : l’esthétique.
La série The Bold Type (dispo sur Netflix)
Dans The Bold Type, on suit l’évolution de 3 jeunes femmes dans leur vingtaine au sein de la rédaction d’un magazine féminin. Cette série serait inspirée de l’ancienne rédactrice en chef du magazine Cosmopolitan, Joanna Coles. Sur fond de féminisme, chaque épisode décortique, analyse et dénonce des injustices et injonctions subies par les femmes ou les minorités de genre avec beaucoup de justesse, le tout dans la bonne humeur.
Le podcast “#74 Ce que ma poitrine dit de moi - Conversation avec Gala Avanzi - Wake Up, Rise Up and Shine!” de Christine Lewicki (dispo sur toutes les plateformes d’écoute)
Dans cet épisode, je suis au micro de Christine Lewicki pour vous parler de poitrine, de féminisme, de santé, de liberté et des tétons de Jennifer Aniston ! On discute de la symbolique de la poitrine dans notre société, on se demande dans quelle mesure nous faisons des choix conscients sur notre corps ou s’ils relèvent d’un conditionnement sociétal, et puis on parle de l’idéal de beauté proposé par la société, qui met les femmes en compétition et qui va à l’encontre de l’acceptation de soi.
A bientôt pour une prochaine newsletter !