#1 Un monde (un peu plus) adapté aux femmes ?
Voici la toute nouvelle version de Révoltée, la newsletter féministe par Sorcière ta mère …
Voici la toute nouvelle version de Révoltée, la newsletter féministe par Sorcière ta mère ! Dans ce premier email (gratuit) on va parler de body positive, de menstruations et de sexisme aux toilettes. Vous pourrez aussi découvrir des extraits des 2 prochaines newsletters payantes, et plus bas des recommandations de podcasts, lectures, films … J’espère que ça vous plaira !
L’édito féministe
A l’approche de l’été, les injonctions sur le corps des femmes sont plus fortes que jamais. Et pour cause : les vêtements sont plus courts et plus légers, on fait péter les bikinis et donc, fatalement, nos corps visibles et dénudés sont en proie aux jugements et au regard des autres.
Comment on fait alors, pour se sentir bien, alors que nos corps sont scrutés en permanence et doivent ressembler à un idéal de beauté parfaitement inaccessible ?
Comment on fait pour passer au dessus du regard des autres, pour s’en détacher, alors qu’on galère déjà à s’aimer ?
Moi j’ai commencé par arrêter de suivre des comptes Instagram dans lesquels je ne voyais que des personnes aux corps parfaits, retouchés et formatés.
J’essaie plutôt de suivre des personnes qui montrent la réalité, des boutons, des cicatrices, des vergetures, des bourrelets, des corps de toutes les formes, autant très maigres que très gros. Pour normaliser la différence. Pour voir toute la palette de corps qui existe en réalité.
Et puis j’ai aussi un soutien incroyable au quotidien, mon modèle, une de mes amies les plus chères à mon coeur, qui est aussi la papesse du Body Positive … J’ai nommée La Renarde Bouclée, dessinatrice et autrice féministe ! Alors je vais partager avec vous un peu de ses conseils bien précieux pour apprendre à s’aimer, à se foutre la paix mais aussi à accepter qu’on ne peut pas toujours s’apprécier à sa juste valeur et que c’est ok. Parce qu’il n’est pas question de créer de nouvelles injonctions. On va aborder le sujet du corps post-partum aussi et du rapport au corps de manière générale, et encore du milieu de la mode …
Extrait de l’entretien avec la dessinautrice body positive La Renarde Bouclée
La Renarde Bouclée est une illustratrice et autrice (autrement dit, illustrautrice), jeune maman de 29 ans, dont le travail porte principalement sur le Body Positive et la sexualité positive. Elle a récemment sorti un Oracle intitulé “L’Oracle des corps libérés” aux éditions First, qui appelle à la célébration du corps dans tous ses états.
Dans cet extrait, Théa nous parle de son expérience dans le milieu de la mode. Cela m’a rappelé cette fois où j’étais en train d’essayer une robe d’une marque de luxe dans un magasin. Une autre cliente a indiqué à la vendeuse que ce qu’elle était en train d’essayer était trop petit et lui a demandé si elle pouvait avoir une taille au dessus. La vendeuse lui a répondu sèchement : “non, on ne fait pas de 42”. C’était terrifiant.
J’ai travaillé dans la mode pendant plusieurs années et j’ai été témoin de la grossophobie, du sexisme, du racisme qui infiltrent toute l’industrie de la mode, de la plus petite marque aux gros dinosaures du luxe. Toute cette industrie est pensée pour les personnes minces. Les standards des tailles, des patrons en couture, des mensurations des mannequins sont toujours basés sur une silhouette filiforme. Et lorsque sur les podiums vous ne voyez que de grandes femmes minces, que dans les boutiques les tailles de vêtements s'arrêtent au 42, que les panneaux publicitaires ne vous montrent que des femmes aux corps minces et musclés, vous ne pouvez pas vous empêcher de penser que vous n'êtes pas dans la norme si votre morphologie n'est pas celle là. Ce sont des injonctions vraiment systémiques, que tout le monde a intégrées comme la norme et comme seule incarnation de la beauté universelle !
Et puis ça va plus loin, comme par exemple modifier l’étiquette de taille sur une robe pour une cliente pour ne pas qu'elle sache qu'elle fait un 44 au lieu du 40 indiqué, ou encore des réflexions grossophobes sur des clientes VIP qui faisaient du 50 : "On est en train de lui construire une tente non ?“. On comprend mieux dans ce contexte là que les personnes qui ne correspondent pas à la "norme" sont complètement exclues et malheureusement aussi discriminées ... Alors quand j’ai quitté mon job en 2019 et que je me suis lancée comme illustratrice, j’ai eu envie de montrer toute la diversité des corps et principalement des femmes, puisque c’est sur elles que reposent les plus grands diktats. J’avais envie de rendre hommage à toutes ces personnes qui ne voient jamais leurs morphologies sur les affiches des arrêts de bus, pour qu’elles puissent se sentir plus légitime et moins seules.
🗓 Parution le 21 juin (version payante)
Menstruations et sexisme aux toilettes
Il y a quelques jours, mon amie Camille qui est attachée de presse dans le milieu de la culture, m’a envoyé un audio en me racontant sa galère alors qu’elle bossait sur un festival de musique. Elle était en Jour 1 de règles, avec un flux très abondant, elle portait une cup … Et elle a vite réalisé qu’elle allait avoir du mal à la changer, les toilettes n’étant pas du tout adaptées. Une galère incroyable, qui l’a stressée toute la soirée alors que son boulot l’est déjà suffisamment, stressant.
J’ai donc réalisé qu’à moi aussi, ça m’était déjà arrivé, ce genre de galère.
Comme cette fois à Ibiza, où il fallait absolument que je vide ma cup. Alors on a trouvé un bar / restau avec l’amie avec qui j’étais pour que je puisse la changer (ce qui implique donc de payer une conso, si on pousse un peu le truc, ça veut dire que ça me coûte de l’argent de changer ma cup). Sauf que, pas de bol, non seulement les toilettes ne fermaient pas, mais en plus, le lavabo était à l’extérieur. Alors j’ai eu de la chance, on va dire, il n’y avait personne qui attendait après moi. Donc j’ai du retirer ma cup, en priant pour que personne n’ouvre la porte à ce moment-là, sortir des toilettes les mains ensanglantées en galérant à me rhabiller et à ouvrir la porte pour ne pas foutre du sang partout, en priant de nouveau pour que personne n’arrive parce que même si je suis à l’aise avec mes règles, à en parler publiquement comme je le fais aujourd’hui, ça reste une situation dans laquelle je me suis retrouvée extrêmement vulnérable, laver ma cup avec un mini filet d’eau qui sortait du robinet, parce qu’évidemment il n’y avait aucune pression, sinon c’est pas drôle. Je pense que j’ai du mettre 5 minutes à la laver correctement. Et ensuite, j’ai du retourner dans les toilettes pour pouvoir enfin la remettre, toujours en priant que personne n’ouvre la porte. Ça été une épopée sans nom.
Et ce n’est pas la première fois que ça m’arrive, et des histoires comme ça, je pense qu’on en a tous·tes ! On s’est tous·tes retrouvé·e·s en galère un jour à cause de ça.
Et sans même parler de menstruations … Aller aux toilettes quand on a un utérus, c’est toujours une galère. Le temps d’attente dans les toilettes dites “pour femmes” serait 34 fois supérieur à celui des toilettes “pour hommes” au Royaume-Uni, d’après les recherches d’Amber Probyn et Hazel McShane, qui sont à l’origine du concept Peequal, des urinoirs plus égalitaires. Et si le temps d’attente est plus long côté “femmes”, c’est pour la simple et bonne raison que les toilettes “pour hommes” sont plus nombreuses !
🗓 Parution le 28 juin (version payante)
Dernièrement, j’ai aimé …
Le livre “Fuck les régimes” de Chloé Hollings
Ce livre ne se targue pas d’être féministe, en revanche il répond à l’une des plus grosses injonctions faites aux femmes : celle d’avoir un corps parfait. Chloé nous raconte son cheminement et son rapport à la nourriture et à son corps. On découvre son histoire et surtout, comment elle est passée d’une “diet freak” à quelqu’un qui aime son corps tel qu’il est et pour ce qu’il est. On comprend alors tout ce que vouloir maigrir implique, tous les sacrifices que cela demande, tous les traumatismes tant physiques que psychologiques que l’on s’inflige. Elle nous donne des pistes précieuses pour apprendre à s’aimer, se détacher du regard des autres et de la société et surtout, à s’en foutre d’être belle ou non.
Le film “I feel Pretty” avec Amy Schumer (dispo sur Netflix)
Amy Schumer est une actrice connue pour faire l’apologie du mouvement “body positive”. Dans le film I feel Pretty, elle joue le rôle de Renee Barrett, une femme qui souffre d’insécurités et de mésestime de soi liées aux injonctions et à cet idéal de beauté qu’elle fantasme depuis toujours. Après une chute, bien que son apparence n’ait pas changée, elle se réveille en se voyant comme étant la plus belle femme du monde. Elle reprend ainsi confiance en elle petit à petit. Un film léger qui nous rappelle à quel point notre perception des choses peut tout changer.
“Le podcast Salut, ça va ?” (dispo sur toutes les plateformes d’écoute)
Depuis quelques temps, j’écoute le podcast “Salut, ça va ?” by Take Kare avec Mathilde Besset, psychologue clinicienne et Léa (du compte Instagram jenesuispasjoli). Les sujets abordés sont larges (du body positive aux relations toxiques en passant par le parcours PMA et la santé mentale), les deux podcasteuses déconstruisent de nombreuses injonctions et c’est toujours fait avec beaucoup de bienveillance et de douceur.
A bientôt pour une prochaine newsletter !