Il y a un peu plus d’un an, j’ai décidé d’écrire un livre. J’en ai déjà écrit quelques uns, mais c’était différent, il s’agissait de commandes passées par des maisons d’édition. Une commande, c’est simple, c’est quand une maison vous contacte pour vous dire “on a besoin d’écrire un livre sur ce sujet, c’est ok pour toi ?”. Généralement, on n’a pas trop de “libertés”, mais c’est un exercice passionnant, justement, les contraintes, ça fait partie du jeu !
Mais cette fois-ci, j’ai décidé d’écrire différemment. J’avais envie d’écrire sur un sujet qui me tenait à coeur, à savoir le No Bra. Et j’ai eu envie de construire ce livre comme j’en avais envie, de A à Z. Alors j’ai pris un risque : j’ai écrit sans savoir si j’allais être publiée. Je vous propose de vous raconter comment ce projet a vu le jour, en détails.
De la genèse d’un bouquin
En décembre 2019, le média Français Konbini me contacte pour me proposer de faire un Speech sur le No Bra. J’accepte … Et la vidéo cartonne : plus de 7 millions de vues au compteur (en comptabilisant les vues sur Facebook et Instagram). J’avais déjà remarqué que le sujet intéressait … Mais à ce moment là, je réalise alors à quel point il déchaîne les passions !
L’idée murit petit à petit dans ma tête et je commence à écrire … Je veux que ce livre parle à tout le monde et que chaque femme puisse s’identifier et y trouver son compte. Je décide alors de passer un appel à témoignages … Et je récolte pas moins de 400 témoignages en moins de 24h.
Cela me conforte dans l’idée que je tiens un sujet.
Sujet sur lequel il n’existe quasiment rien, au passage. Je suis effarée de constater que personne ne s’en est emparé. Aucun livre n’a été publié ! Pourtant, depuis la fin du premier confinement, le No Bra, on en parle. Les médias s’en délectent. Alors je veux que ce livre puisse aider, car le manque d’information est criant. Consternant.
De l’importance de bien s’entourer
Après avoir travaillé pendant un temps dans le milieu du show-business, et même si le milieu de la littérature est quelque peu différent, je sais ô combien il est important de bien s’entourer. Je ne veux pas porter ce projet toute seule. Je découvre alors le métier d’agent littéraire et je pars donc à la recherche de quelqu’un qui pourra m’épauler et m’accompagner. J’ai beaucoup de chance : je tombe sur quelqu’un qui a les mêmes valeurs féministes et engagées que moi, une personne avec qui je suis totalement alignée : Julie Finidori Agency.
Je signe, je peux désormais dire “Voyez ça avec mon agente” ! C’est Julie qui s’occupera donc de trouver une maison d’édition pour publier mon livre. C’est elle qui négociera les contrats et qui gèrera tout ce pourquoi je suis totalement nulle.
Depuis quelques temps, j’ai une petite liste de maisons d’éditions, que j’ai peaufinée avec soin, dans lesquelles j’aimerais être publiée et que je confie à Julie. Je lui donne le nom en top de liste. La maison de mes rêves, celle qui me fait vibrer. Mais il n’est pas encore temps de les contacter, il faut que je finisse de rédiger la première partie de mon essai. Il faut que j’ai de la matière à leur fournir, pour qu’ils puissent se projeter et qu’on mette toutes les chances de notre côté. Julie est d’un soutien absolu. Moi je n’en peux plus, non vraiment, je suis perdue dans mon manuscrit, je ne sais plus où j’en suis. Elle me sort la tête de l’eau, et finalement, elle envoie le manuscrit à quelques maisons d’édition.
On est début janvier 2021. C’est maintenant que tout se joue. Ou presque. Si on me dit non, les 6 derniers mois n’auront servi à rien. Le doute est présent. Il est palpable. Je pars en vacances mais j’ai du mal à décrocher. Je suis paniquée à l’idée de voir ce projet, mon bébé, rejeté, avorté.
WhatsApp m’indique une nouvelle notification. C’est Julie. Elle m’annonce que la maison d’édition de mes rêves a fait une offre. J’en ai le souffle coupé. Je suis complètement sous le choc ! Mon dieu, Flammarion. Flammarion veut publier mon livre. Flammarion. Mon livre. Il va être publié. Mon. Dieu.
Covid oblige, on ne peut pas se rencontrer physiquement, alors on organise un call sur Zoom pour voir si le feeling passe. Moi, pour une fois, je sais déjà que tout va bien se passer. Et c’est bien le cas, j’accroche instantanément. J’ai un énorme coup de coeur pour le directeur éditorial et l’éditrice qui sont très emballés. Je veux que ce soit eux qui s’occupent de mon livre. Et personne d’autre. Finalement, quelques semaines plus tard, on peut organiser une rencontre. Je monte à Paris, Julie m’accompagne, on pousse les portes de Flammarion place de l’Odéon pour ma première réunion autrice / agente / éditeur. C’est parfait, Guillaume (le directeur éditorial) et Claire (mon éditrice), sont toujours aussi bienveillants, ils insistent sur le fait qu’ils veulent que je savoure cette expérience. Je suis sur un petit nuage.
On a “le temps”, la parution est prévue pour la deuxième quinzaine de septembre et on est seulement à la mi-janvier. Pour une fois, je n’ai pas de délais intenables. Mais il n’empêche que c’est du boulot. Commence ainsi un travail éditorial assez dense, qui va s’intensifier à mesure que la date de remise de manuscrit approche.
Les 4 derniers mois durant lesquels j’ai fini d’écrire ce livre, j’ai voyagé en Europe. J’ai expérimenté la vraie vie de nomade, la vie d’une “écrivaine” vagabonde. C’était particulièrement exaltant. Palpitant. Mais ça ne m’a pas empêchée d’osciller entre des moments de pur high, d’une euphorie inégalable et de devoir dealer avec la redescente et de tous les doutes que ça implique. Le doute, s’il y a bien quelque chose qui m’habite depuis le début de ce projet, c’est ce sentiment. Je doute. J’ai peur. Je suis terrifiée à l’idée que le sujet ne plaise pas, que mon écriture soit nulle, que tout le monde s’en fiche. Que ça ne prenne pas.
La deadline approche. Et alors là, je ne sais plus. J’ai lu et relu mon manuscrit 200 fois. J’ai à la fois l’impression de pouvoir le réciter par coeur et en même temps de ne plus savoir ce que j’ai bien pu écrire ! Je ne peux plus me l’encadrer. Il me sort par les yeux. Je m’effondre au restaurant devant mes ami·e·s tellement je panique. Je ne sais plus quoi en penser. Mon éditrice me rassure “Tu peux être fière de toi”. J’espère qu’elle a raison. J’espère du plus profond de mon coeur, de mes tripes, de mon être, qu’elle a raison.
Je rentre en France après 4 mois à l’étranger, je suis dans l’avion et je le relis une toute dernière fois. Si je loupe la moindre erreur, c’est foutu, c’est comme ça que ça sortira. La pression est à son comble. C’est ainsi que dans ce vol Palerme / Bâle-Mulhouse, je mets un point final, tant à ce voyage qu’à ce manuscrit, qui sont intimement liés.
Mon précieux manuscrit part à l’impression pour se transformer en livre.
Et aujourd’hui, à l’heure où j’écris ces lignes, je le tiens pour la première fois entre mes mains.
Cette sensation est presque indescriptible tant elle est puissante. Ecrire un livre, c’est une expérience inédite, qui vous transforme à bien des égards. Ecrire un livre, c’est aller puiser au plus profond de ses tripes. Votre bouquin vous pousse dans vos derniers retranchements. Ecrire un livre, ce n’est pas sortir de sa zone de confort, c’est lui mettre un home run dans la gueule à grand coup de batte de base-ball. C’est épuisant, c’est éreintant. Mais c’est incroyablement satisfaisant.
Et pour rien au monde je ne changerais quoique ce soit, pas la moindre virgule, de cette expérience si palpitante.
No Bra – Ce que ma poitrine dit de moi aux Editions Flammarion
A paraître le 22 septembre 2021 et disponible en précommande ici, ici ou encore ici.